Revue des marchés de mars 2024

Canada vie - Apr 05, 2024
Pour le mois ayant pris fin le  31 mars 2024
Un reflet d’un gratte-ciel est vu dans les fenêtres d’un autre immeuble de bureaux.

Introduction

Ce sont les annonces en matière de taux qui ont accaparé l’attention en mars. La plupart des banques centrales les ont maintenus tout en indiquant qu’elles allaient fort probablement commencer à les baisser au courant de 2024. Cette perspective a fait le bonheur des investisseurs qui ont contribué à la hausse des marchés boursiers internationaux ce mois-ci.

 

L’inflation mondiale a poursuivi sa descente en février, comme on l’a rapporté en mars, ouvrant ainsi la voie aux réductions de taux de la part des banques centrales. L’activité commerciale des deux principales économies du monde, les États-Unis et la Chine, a gagné du terrain au cours du mois. Pendant ce temps, l’activité manufacturière, plombée par la faiblesse de la demande, s’est contractée en Europe et au Royaume-Uni. En Amérique du Nord, le marché du travail tient bon, mais on observe des signes persistants de ralentissement.

 

Au Canada, l’indice composé S&P/TSX a progressé ce mois-ci, soutenu par la robustesse des secteurs des matériaux et des soins de santé. Les rendements des obligations gouvernementales à 10 ans ont connu des hauts et des bas avant de finir le mois comme ils l’avaient commencée. Les prix du pétrole et de l’or ont monté en mars.

 

Le consommateur canadien semble accuser le coup

Selon les données sur les ventes au détail de janvier et février, le consommateur canadien plierait sous le poids des pressions inflationnistes et du loyer de l’argent élevés. Statistique Canada (StatCan) indique que les ventes au détail ont chuté de 0,3 % en janvier. Bien que le recul soit moins marqué que celui de 0,4 % qu’avaient prévu les économistes, il s’agit néanmoins du premier dans les ventes au détail depuis août 2023. En janvier, celles-ci ont nettement diminué du côté des véhicules à moteur et des pièces de rechange, mais aussi des aliments et des boissons. Cependant, toujours en janvier, elles se sont accélérées dans certaines catégories comme le commerce en ligne et l’ameublement. La situation s’est améliorée en février tout en demeurant décevante. StatCan estime que les ventes au détail n’ont augmenté que de 0,1 % en février, mois pendant lequel certains signes ont cependant montré que la pression s’exerçant sur les Canadiens pourrait s’alléger. Au Canada, l’inflation a fléchi à 2,8 % en février, surtout grâce à la baisse du prix des services internet et mobile. Les économistes croyaient qu’elle allait s’accentuer. Même si la Banque du Canada a maintenu les taux à 5,00 % lors de sa rencontre de mars, le procès-verbal révèle que les administrateurs se sentiraient prêts à évaluer la possibilité de les réduire cette année.

 

Les banques centrales mondiales tendent vers des baisses de taux

En mars, les banques centrales ont multiplié les annonces auxquelles les participants au marché ont réagi en spéculant sur la date de la première baisse. La Réserve fédérale américaine (Fed) a gardé les taux fédéraux à l’intérieur de la fourchette cible de 5,25 % à 5,50 % à sa rencontre de mars. La Fed en a profité pour partager de nouvelles données concernant ses projections quant à la croissance économique et à l’inflation. En se fondant sur ces chiffres, les administrateurs de la Fed prévoient trois baisses de taux en 2024. Toutefois, la Fed a relevé ses attentes en matière d’inflation pour l’an prochain, ce qui veut dire que son taux directeur pourrait rester relativement haut en 2025.

 

La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre ont également tenu des réunions en mars et ont toutes deux opté pour le statu quo. Lors d’un discours qu’elle a prononcé peu après, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré que la banque pourrait commencer à réfléchir à des réductions de taux en juin. Cette décision dépendra cependant de ses nouvelles projections sur l’évolution de l’inflation et de l’économie européenne. Contrairement à la plupart des grandes banques centrales, au lieu de maintenir ses taux, la Banque du Japon (BDJ) a relevé son taux directeur depuis -0,10 % à une fourchette cible de 00,0 % à 0,10 %. Elle mettait ainsi fin à huit ans de taux négatifs. Il s’agissait de la première majoration de taux depuis 2007. Comme l’inflation japonaise excède la cible de 2 % de la banque depuis plus d’un an, celle-ci croit nécessaire d’accroître les taux afin d’amoindrir les pressions inflationnistes. Par ailleurs, les principales sociétés japonaises ont accepté de relever les salaires de 5,3 %. La banque centrale japonaise a également mis fin à l’autorité qu’elle exerçait sur la courbe de rendements des obligations à 10 ans du gouvernement du Japon.

 

La Chine vise une croissance de 5 % en 2024

L’Assemblée nationale populaire de Chine s’est réunie en mars et a annoncé que le gouvernement visait une croissance du produit intérieur brut de 5,0 % en 2024. Cette cible correspond largement à celle de 2023. L’économie de la Chine avait prospéré de 5,2 % cette année-là, mais certaines poches de faiblesse avaient fait en sorte qu’elle soit relativement mitigée. L’une de ces poches était le marché de l’immobilier chinois, incommodé depuis quelques années par l’endettement élevé qui freine son activité. Dans l’espoir de la relancer, la Banque populaire de Chine a réduit son taux préférentiel pour les prêts à cinq ans, qui sert de référence pour les taux hypothécaires du pays. Le fait que la demande intérieure soit plus que modeste inquiète aussi les autorités. Les ventes au détail ont fléchi à mesure que 2023 avançait. Le gouvernement a réagi en faisant savoir qu’il pourrait être disposé à introduire des mesures propres à stimuler la demande. Les participants au marché espèrent que les premières données économiques iront dans le sens d’une année 2024 favorable à l’économie chinoise. L’activité commerciale s’est renforcée au début de l’année tandis que la production industrielle s’est intensifiée plutôt rapidement par rapport à l’an dernier. Que l’économie chinoise soit vigoureuse est une bonne chose pour l’économie mondiale.

 

OPEP+ prolonge la réduction volontaire de la production

Dans une tentative pour assurer l’équilibre et la stabilité du marché du pétrole, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses associés (OPEP+) a annoncé qu’elle allait prolonger la réduction volontaire de la production pendant le deuxième trimestre de 2024. La Russie s’était engagée dans des coupes de production volontaires en avril 2023, et d’autres pays de l’OPEP+ lui avaient emboîté le pas en novembre. Cette mesure a représenté environ 2,2 millions de barils de pétrole par jour. Les producteurs de pétrole importants que sont l’Arabie saoudite et l’Iraq sont au nombre de ceux qui participent à ces restrictions volontaires. Le fait qu’elles s’étendront pendant le deuxième trimestre de 2024 signifie que les coupes dureront jusqu’au début de l’été, moment auquel la demande en pétrole a pour habitude de s’intensifier. Ce facteur combiné à une offre diminuée pourrait appliquer une pression à la hausse sur les prix du pétrole. La situation pourrait s’avérer désastreuse sur le plan de l’inflation. Si les prix de l’énergie montent, cela pourrait alimenter l’inflation et aller à l’encontre des progrès accomplis par les banques centrales. Le prix du pétrole a monté en mars.